Article à retrouver dans son format original ici : Les troubles obsessionnels compulsifs et les pensées intrusives – Haut Potentiel d’Aventure (hautpotentieldaventure.com)
Comme d’autres types de différences cérébrales, les TOC sont peu connus, mal compris, utilisés comme une insulte ou un sujet de moquerie alors qu’ils peuvent fortement impacter la qualité de vie de ceux qui en souffrent.
Le trouble obsessionnel compulsif (TOC) est une pathologie faisant partie des « troubles anxieux » (jusqu’au DSM-5 en 2013), et aujourd’hui dans le groupe des « TOC et apparentés » (tics, trichotillomanie, dysmorphophobie…), reconnue par le DSM depuis sa troisième édition en 1980. Il se caractérise par des obsessions (pensées obsessionnelles et intrusives) et/ou des compulsions (comportements répétés et ritualisés visant à réduire l’angoisse).
On l’associe souvent à un lavage des mains compulsifs, mais il peut être très différent, et est très envahissant (c’est d’ailleurs une partie de son diagnostic, qui évalue la souffrance et le retentissement sur la qualité de vie).
Il est estimé par l’OMS qu’environ 1,3% des individus présenteraient un TOC au cours de leur vie. Il n’y a pas de différence de prévalence entre les hommes et les femmes.
Le trouble peut apparaître au cours de la vie, avec deux pics d’apparition : vers 10 ans et vers 21 ans.
Causes
Les causes sont, comme souvent, peu claires. Différentes études ont évoqué :
- Des facteurs génétiques (prévalence plus élevée dans certaines familles, chez les jumeaux…)
- Cause infectieuse par certains streptocoques qui déclencherait des symptômes auto-immuns
- Une prévalence plus élevée chez les sujets séparés ou divorcés et dans les niveaux socio-économiques plus faibles
- Un éventuel lien avec un QI élevé
- Le style éducatif
- La prématurité, le faible poids de naissance ou l’âge élevé de la mère lors de la grossesse
- Le tabagisme, l’alcool ou les drogues pendant la grossesse
- Les traumas
Les obsessions et les compulsions
Les obsessions sont des idéations (idées, images) qui interrompent la pensée et se répètent. Le patient a conscience du fait que ces idées viennent de lui, et ne sont pas imposées par l’extérieur.
Les compulsions sont les comportements ou actes mentaux répétitifs, que le sujet sait souvent absurdes, mais qui permet de soulager l’anxiété, la détresse, la tension interne.
Il y a beaucoup de thématiques possibles, par exemple :
- la contamination/souillure (qui donne souvent lieu à des compulsions rituelles de type lavage, ou évitement),
- le doute/erreur (qui va de la peur d’avoir laissé le gaz allumé ou la porte ouverte, à l’obsession plus cognitive sur des sujets liés au bien et au mal ou au vrai et au faux, par exemple. La compulsion associée comprend des rituels de vérification),
- l’obsession agressive (phobie d’impulsion) est la peur de passer à l’acte, de perdre le contrôle et de faire quelque chose de répréhensible (légalement, socialement, selon sa propre morale), y compris contre son gré ou sans s’en rendre compte. Il s’agit souvent d’actes graves et très mal vus (tuer quelqu’un, être violent, se suicider, commettre un acte pédophile ou incestueux…), et les patients le vivent très mal et refusent d’en parler, alors même que l’idéation est accompagnée de peur et de rejet, et pas de désir de faire l’action. La compulsion associée est plutôt l’évitement (ne pas conduire, éviter les enfants, etc).
- l’obsession de malheur et la superstition, générant des compulsions de rituels conjuratoires,
- l’obsession d‘ordre et de symétrie, le besoin de rangement selon des règles précises, avec compulsion de vérification et conduites d’évitement.
Ça vous rappelle quelque chose ?
C’est quand même fou à quel point on a une idée préconçue des TOC, et négative. Quand j’ai publié pour la première fois Quand notre cerveau nous fait honte, sur Facebook, quelqu’un m’a parlé des TOC, et j’étais assez surprise, voire choquée, ne voyant même pas en quoi ce que j’avais dit pourrait être lié.
Je me suis longtemps torturée avec l’idée d’être une mauvaise personne, ne pas avoir de morale, pas d’éthique de travail, etc.
Et en fait, l’idée de la personne qui range et nettoie frénétiquement, c’est une toute petite partie de l’iceberg. Et les gens ne connaissent pas la vraie définition, et ils ont honte des pensées qui tournent en rond dans leur tête, comme si avoir une pensée en boucle, par exemple d’un acte sexuel ou violent, signifiait un désir secret de le réaliser (et merci Freud !). C’est une culpabilité énorme, complètement décorrélée de la réalité des actes, et que la société a rendue quasiment indicible. Alors franchement, j’essaie de m’accrocher à l’idée que penser n’est pas faire, qu’obséder sur le fait que « je suis une mauvaise personne » ne change pas mes actions. Que penser qu’on est tous, ou que je suis, moi, susceptible de faire toutes les horreurs possibles, c’est une chose. Les faire, une autre. J’avais honte, souvent, de m’identifier aux « méchants » d’Esprits criminels. Mais le bien et le mal, la moralité, les actions, la temporalité, la personnalité, c’est bien plus compliqué que ça !
Et vous ?