Un surdoué toujours fatigué ?

Un surdoué toujours fatigué ? C’est vrai ça et on fait quoi ?

Je ne sais pas vous, mais je suis toujours épuisée. Je m’endors devant la télé. Je fais des siestes quand je le peux. Je me réveille fatiguée, je me traîne. Depuis que je m’intéresse aux neuro-atypies, c’est un discours que je croise souvent. Du coup, j’ai écrit un article sur mon blog perso, pour savoir si ce n’était qu’une impression, et ce qu’on pouvait faire, et j’en ai profité pour faire un petit sondage sur les réseaux sociaux. 

Ce qui m’a frappé, c’est que, même si bien sûr ceux qui ont des problèmes vont s’exprimer plus facilement, il y a tout un monde de comorbidités que je ne connaissais pas. 

Bien sûr, les neuroatypies peuvent aller par groupe, et certaines sont connues pour se traîner une grande fatigue d’adaptation, notamment les troubles autistiques. Mais j’ai aussi parlé à plusieurs personnes qui ont en plus des maladies auto-immunes, des problèmes d’insomnie chronique, un syndrome des jambes sans repos, du bruxisme… Des difficultés qui fatiguent le corps ET l’empêchent de s’endormir, autant dire double peine. Du coup, je me note de chercher des études sur le lien entre neuroatypies et maladies, pour voir si c’est une réalité ou juste la partie émergée de l’iceberg qui déforme ma perception !

femme qui dort

La fatigue du surdoué

On trouve beaucoup de témoignages de surdoués fatigués, ou de psychologues indiquant qu’il s’agit d’une préoccupation de leurs patients surdoués. Sauf que… tout le monde est fatigué dans notre monde à 100 à l’heure !

sherlock holmes   

 

Examinons un peu les faits…

Je n’ai pas réussi à trouver d’étude qui indiquerait effectivement que les surdoués sont en moyenne plus fatigués, on trouve même quelques indices du contraire. Quelques chiffres que j’ai réussi à glaner :

  • Plusieurs études suggèrent qu’un QI élevé est corrélé au fait d’être couche-tard et actif la nuit (dommage pour moi, qui m’endors à 22h après ma sieste de 19h). Source (malheureusement l’article original n’est disponible qu’avec abonnement).
  • Des études indiquent que pour des tâches cognitives relativement simples, le cerveau des surdoués est en moyenne plus efficace et consomme moins de glucose, suggérant en fait une fatigabilité moindre à tâches égales. Cependant, il semble que les tâches ou raisonnements complexes soient plus énergivores pour les surdoués. Source
  • Dormir trop peu provoque des déficiences cérébrales qu’on peut assimiler à un cerveau de 9 ans de plus, ou à une perte de QI de 4 points, pour une nuit à quatre heures de sommeil. Cela impacte la prise de décision et l’anticipation, pas vraiment la mémoire. Source
  • Une étude sur un nombre réduit d’enfants montre que ceux qui ont un gros QI dorment moins : 6 points de QI de plus pour chaque heure de moins. Une hypothèse serait une moins grande fatigue liée à leurs facilités scolaires (mais bon, on sait que tous les surdoués n’en présentent pas). Source

Bref, il est loin d’être établi que le surdoué est plus fatigué, s’il a besoin de plus ou moins de sommeil, si sa fatigue est différente, en moyenne.

Pourtant, il semble quand même qu’on puisse identifier des facteurs spécifiques qui fatigueraient certains surdoués, hypersensibles, neuro-atypiques (rayez la mention inutile) :

Les sources de fatigue

Hyperesthésie / Hypersensibilité

kaleidoscope 

Mon premier bouge tout le temps, est plein de couleurs, et est un peu chelou…

Beaucoup de surdoués sont souvent (ou tout le temps) à fleur de peau. Les émotions sont ressenties intensément, ainsi que les sensations physiques. On peut lire de nombreux témoignages sur l’immensité des perceptions, par exemple entendre des sons multiples et lointains, sentir des odeurs de façon entêtante ou dérangeante, etc.

Cette surcharge sensorielle et émotionnelle est évoquée comme un énorme facteur de fatigue pour ces neuro-atypiques, même s’il est difficile d’attribuer l’hypersensibilité ou l’hyperesthésie comme un critère absolu de la douance. Elles sont parfois les symptômes d’une pathologie ou d’un trouble (du spectre autistique, par exemple), ou vues comme un autre faisceau de caractéristiques qui n’est pas directement lié au quotient intellectuel.

Hyper-adaptation

caméléon

Caméléon représente

Beaucoup de surdoués éprouvent le besoin de s’adapter au monde, de se couler dans une image qu’ils se sont forgée de ce qu’ils doivent être. Il peut s’agir de cacher des intérêts spécifiques, de s’efforcer de se concentrer sur le travail demandé, d’efforts d’adaptation sociale, pour ne pas être trop abrasif ou ne pas faire de faux-pas, par exemple. Voir notamment Le faux-self des surdoués

Cette hyper-adaptation correspond à une façon de toujours conscientiser son expérience immédiate du monde et de l’environnement social, et peut être associée à une grande fatigue. On peut citer ainsi le syndrome « PASS » (Prolonged Adaptation Stress Syndrom), décrit ici, sur lequel je me renseignerai plus pour peut-être en faire un article !

Les pensées, tout le temps, dans tous les sens

Sauf qu’il n’y a que moi. Enfin, je crois.

Jeanne Siaud-Facchin parle de pensée en arborescence, ces associations complexes et parfois farfelues, qui peuvent partir dans toutes les directions. On lit beaucoup que les surdoués pensent tout le temps, à plusieurs choses à la fois ou en succession rapide. La roue tourne , tourne, et cela fatigue aussi.

Les troubles du sommeil

En lien avec la pensée qui ne s’arrête pas, avec parfois des angoisses, ou avec un certain métabolisme, dépassement par le faux-self, ou une raison complexe pas complètement élucidée (ce serait trop simple), beaucoup de surdoués ont également la joie de ne pas bien dormir, d’avoir des difficultés à s’endormir et à rester endormi.

Quelques pistes pour gérer la fatigue

Il n’y a pas de recette miracle, car les surdoués sont tous très différents. On ne saurait trop se conseiller un rythme de vie stable, de manger sainement, régulièrement, de bien s’hydrater et de bien dormir (facile, hein, pourquoi on n’y avait pas pensé ?!).

Quelques idées, quand même :

  • Essayer d’identifier, au fil du temps, ce qui marche ou pas. Par exemple, certains survivront grâce au café, qui personnellement me rend malade
  • Faire des siestes
  • S’isoler quand on en ressent le besoin, pour limiter la fatigue d’adaptabilité sociale et d’hyperesthésie
  • Apprendre à se connaître : éviter les rendez-vous importants le lendemain ou la veille d’un événement qui vous stresse, si vous savez que vous serez moins performant. Éviter carrément certains événements stressants (malgré ce qu’on se raconte, passer Noël avec son chat plutôt que les quatorze rejetons de Tatie Romaine est légitime, si cela vous convient mieux).
  • Essayer de lâcher les attentes irréalistes, surtout si elles ne vous rendent pas heureux (se tuer au travail, faire toute sa to-do list aujourd’hui, être parfait, vous voyez, les petits objectifs sympas et pas tyrans qu’on a tendance à se fixer).
  • Prendre des pauses dans le travail comme dans la vie. Sur une semaine de vacances avec quinze potes, prenez la matinée tout seul qui vous est nécessaire (ou tout le temps qu’il faut).
  • Stimulez-vous. Cela peut paraître contre-intuitif, mais je ne connais rien de plus déprimant et fatiguant que de faire un boulot sans intérêt, et de n’être pas stimulé intellectuellement. Là encore, facile à dire, mais certains sujets qui vous stimulent vous laisseront une « bonne » fatigue, voire vous requinqueront.
  • Faites du sport. Si, si, il paraît que ça aide, à mon grand désespoir. Au moins, sortez respirer l’air du dehors (en évitant les gens, si nécessaire !).

Et n’oubliez pas d’être sympas avec vous-mêmes. La productivité, même appliquée à soi, au développement personnel, est une tyrannie.

Autre blog de texte. Ici le texte à remplacer par le contenu de l’article. Si vous n’avez pas besoin de ce blog de texte, vous pouvez le supprimer directement en cliquant sur la corbeille.

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