Bangalore où Shakuntala Devi est née

Shakuntala Devi ou l’ordinateur humain

Un Génie du calcul

« La petite fille de 3 ans vient de remporter sa quatrième manche consécutive. C’est tous les jours la même chose. Son père, magicien, la suspecte de tricher. Il l’observe attentivement et se rend compte qu’elle mémorise l’ordonnancement de toutes les cartes du jeu dès le départ. C’est ainsi qu’elle gagne toutes les parties ! Il est abasourdi. » (extrait de mon livre « 3 Minutes pour comprendre comment pensent les génies » (2023), Éditions Le Courrier du Livre https://www.charlotte-riedberger-psy.com/mon-livre/).

Ce génie du calcul mental est né dans une famille pauvre en Inde dans le milieu du cirque. Elle ne reçoit aucune instruction, si ce n’est celle que son père, acrobate et magicien, lui transmet en arithmétique, aussitôt qu’il constate sa prodigieuse mémoire des cartes et des nombres.
Dès l’âge de six ans, elle acquiert une renommée mondiale grâce à ses dons pour le calcul mental. Elle se produit partout en Europe et aux États Unis accompagnée de son père et récolte beaucoup de sous. C’est d’ailleurs elle qui fait dès lors vivre toute sa famille. Est-il possible d’imaginer qu’un enfant ait été si tôt en mesure de jouir d’une complète autonomie financière ? Mais le plus incroyable chez Shakuntala Devi, est son extraordinaire capacité à extraire instantanément les racines cubiques des plaques d’immatriculation à 4 chiffres, à effectuer des multiplications de nombres à plus de 13 chiffres ou à calculer les racines énièmes de nombres ayant jusqu’à 200 chiffres. Elle a également accès au calendrier perpétuel et sait dire en une fraction de seconde de quel jour de la semaine il s’agit.

Shakuntala Devi et Albert Einstein

En 1955, fasciné par ses prouesses, Albert Einstein lui rend visite et lui lance un défi : résoudre une équation complexe que lui-même met trois heures à calculer. En quelques fractions de seconde, Shakuntala Devi lui donne le résultat. Éberlué, Einstein lui demande comment elle a fait. Devi lui répond « je ne calcule pas, je me contente de lire le résultat qui s’affiche sur l’écran de ma Conscience ». Encore qu’énoncer le résultat prend plus de temps que la solution qui lui vient instantanément explique-t-elle. Comment est-ce possible ?
Que se passe-t-il dans sa tête ?
Les scientifiques ne comprennent pas.

Devi a accepté de se soumettre à des batteries de tests (dont la WAIS, les matrices de Raven, le test de l’Odd Man Out, etc). Le docteur en psychologie Arthur Jensen veut savoir si elle est une autiste savante, si son intelligence est celle d’un très haut potentiel, si son fonctionnement cérébral peut être expliqué par le fameux facteur g qui l’intéresse tout particulièrement. Or, d’après les résultats qu’il obtient, l’intelligence de Devi est dans la norme… ses performances visuo-spatiales sont quelconques et sa vitesse de traitement de l’information n’est pas particulièrement élevée. Sauf pour ce qui est du calcul et de la mémoire des chiffres, évidemment. « Alerte, extravertie, affable », d’un contact agréable, Devi ne semble ni autiste, ni psychotique. D’intelligence normale, sans trouble apparent, Devi ne serait pas HPI. Ni d’ailleurs TDAH. Une simple neurotypique !?

En 1977, elle bat de 12 secondes l’un des premiers ordinateurs – l’UNIVAC 1108 – en calculant en 50 secondes la racine 23e d’un nombre de 201 chiffres. Jensen conjecture que c’est la mémoire à long terme, et non la mémoire de travail de Devi, qui est prodigieuse, comme c’est le cas de tous les savants prodigieux. De fait, tous les savants prodigieux ne sont pas autistes, contrairement à une croyance assez ancrée. Ce qui est surprenant est que ses dons ne se dissipent pas à l’âge adulte, comme c’est le cas pour les calculateurs prodiges qui ne sont pas autistes…

Mais tout de même. Résoudre instantanément un calcul posé par le grand Einstein lui-même et relevant de connaissances qu’elle n’a pas. Comment est-ce possible?
Mon hypothèse est que Shakuntala Devi a la capacité de se mettre à volonté dans un état modifié de conscience, comme lorsque l’on pratique la méditation profonde, que l’on a des dons médiumniques ou que l’on prend certaines substances, et que cela lui permet d’avoir accès à l’Inscient – ce réservoir d’information universelle – et d’y puiser la réponse. L’Inscient, c’est le terme que j’ai choisi dans ma thèse de doctorat pour nommer le système (à l’échelle de l’Univers et à l’échelle de la conscience humaine) correspondant autant à l’information cosmologique codée à l’échelle zéro, c’est-à-dire à la pointe du cône cosmologique de lumière d’Einstein, comme à la pointe du cône de conscience de tout être, pointe qui, elle-même, vient se « ficher » en quelque sorte, dans la pointe du cône cosmologique. Dans ce système (Inscient), l’information circule de façon instantanée, hors temps (ou, plus précisément, en temps imaginaire au sens mathématique). On comprend dès lors pourquoi Shakuntala Devi a immédiatement la réponse, sans calcul. Avant chaque performance, elle s’enferme dans un silence d’une heure, comme pour se mettre dans un état modifié de conscience. Sa capacité méditative ou « médiumnique » de connexion à l’Inscient résulterait possiblement d’une prédisposition épigénétique, les sept générations l’ayant précédée étant des astrologues et des prêtres brahmanes à la vaste culture philosophico-scientifique.
Charlotte Riedberger

4

PARTAGER L'ARTICLE

Share This