Le faux-self, c’est un autre de ces sujets de psychologie générale, qui peut concerner tout le monde, mais que beaucoup d’articles sur les surdoués reprennent, avec des problématiques légèrement spécifique.
Vous reprendrez bien un peu de faux-self !
C’est quoi un faux-self ?
Le faux-self et le vrai-self (faux-soi et vrai-soi) sont des concepts créés par le psychologue Donald Winnicott dans les années 1950. Le vrai-self, c’est notre instinct, la personnalité que nous pouvons déployer lorsque nous avons confiance en notre environnement et en nous-même, lorsque nous pouvons être spontanés. À l’inverse, le faux-self, c’est cette sorte de masque social, l’image adaptée à la situation que l’on renvoie. Le faux-self peut-être particulièrement utile quand on ressent une différence entre les attentes de notre environnement, et les instincts ou envies du vrai self.
Oui, bien sûr, je vous aiderai avec plaisir. Il fait beau, aujourd’hui, non ?
La personnalité Comme si (As if)
Dans certains cas, pourtant, le vrai et le faux-self ne se construisent pas normalement, la personnalité se cristallise derrière une personnalité « Comme Si » (As if) pour pallier un self défaillant. Cela peut se produire si les conditions favorables à l’émergence d’un rapport sain entre le faux-self et le vrai-self ne se mettent pas en place (contexte de conception et de naissance, relations avec la mère, puis l’environnement, développement…). Concrètement, la personnalité feint de fonctionner correctement, mais il n’y a derrière ni l’estime ni la conscience de soi qui pourraient maintenir un vrai et un faux-soi.
Quel rapport avec le HPI ?
Les HPI, ça réfléchit beaucoup. Enfin la plupart du temps, il paraît, voir conditions en magasin. Et souvent, ça se ressent en décalage, voire aggressé par le monde. Alors il peut arriver que le jeune surdoué se fasse une image faussée ou grandiloquente de ce qu’on attend de lui, de ce qu’il doit être pour s’adapter au monde, et qu’il fasse tout pour s’y conformer. Et il lui faut trèèèèès longtemps pour se rendre compte que peut-être que tout le monde s’en fiche un petit peu, de ce qu’il fait. Il y a quelques expériences en décalage, et puis le surdoué peut devenir un caméléon, un petit génie social, ou se mettre en retrait. Grâce à son faux-self, à cette image qu’il se crée, il peut passer pour tout ce qu’il imagine devoir être, sociable, brillant, adapté…
C’est grave docteur ?
Le vrai problème arrive quand on s’efface derrière le faux-self au risque de perdre son vrai-self. Quand on se perd tellement dans l’image qu’on s’est créé, qu’on pense que ce qu’on est vraiment, ce qu’on pense, les instincts qu’on a, sont mauvais, honteux, immoraux… On s’éloigne de plus en plus de son vrai-self ou de nos comportements initiaux, instinctifs, désirés, pour essayer de les remplacer par cette version de nous que le monde attendrait, et qui pourrait être heureuse.
Et ça, ça peut aussi être lié au syndrôme de l’imposteur !
Parfois, j’avoue avoir honte de mes pensées, les trouver indignes ou répugnantes.
Parfois, le surdoué s’enferme dans une profonde solitude, toute sa sociabilité étant médiée par ce faux-self qui n’est pas lui, qui est trop idéal pour lui.
Parfois le surdoué ne sait plus qui il est, ni, surtout, ce qu’il voudrait être. Il se perd, se sent coupé de ses émotions, vide. Une coquille, une carapace, plus de vrai-self, plus de soi.
À seize ans, je ne supportais pas l’expression être moi-même. Je pensais que moi-même n’était qu’un concept, que ça n’existait pas. Qu’il n’y avait rien à découvrir, pas de couche sous le vide de la surface. Quand on me demandait ce que je voulais faire, ce que j’avais au fond de moi, je n’avais que le vide à renvoyer.
Ce que j’en pense
Je trouve le concept de faux et de vrai-self intéressants, même si j’ai du mal à ressentir leur vérité. La partie sur la personnalité As If et la responsabilité de la mère et du milieu me paraît encore plus difficile à établir avec certitude.
Pourtant, je ne peux pas nier l’attrait de l’idée pour expliquer le développement de ma personnalité, et le léger malaise que j’éprouve encore à considérer que j’en ai une, que j’existe en tant que personne, unique, pas seulement dépendante de mon environnement et ma génétique (mais c’est une question bien plus délicate). J’ai également du mal avec le concept d’être pleinement soi parfois et de dévier de soi lorsqu’on se norme, lorsqu’on met le masque du faux-self, car c’est pour moi un processus instinctif, naturel, comme si j’avais plusieurs personnalités qui sont moi à égalité, plusieurs facettes, et non une vraie et une fausse. Je pense que les efforts qu’on est susceptible de faire dans l’interaction avec l’autre, ou les changements entre la solitude et la société, ne sont pas forcément une question de masque (surtout pas nécessairement conscient), mais un ajustement au contexte dont tous les aspects sont moi.
Mais peut-être que je me voile la face (
). Inconsciemment. Peut-être.
Ça se soigne ?
Le coaching et la thérapie peuvent aider. Se lancer dans l’aventure de la découverte de son fonctionnement (parce que les mots découverte de soi me mettent encore un peu mal à l’aise). Parler, se rapprocher. Laisser tomber le masque, à chaque fois qu’on en prend conscience, s’il est inconscient. Se réserver des espaces où on peut le faire tomber (par exemple une réunion Mensa où on ne connaît personne, expérience intéressante, je recommande).
Il ne s’agit pas, en fait, de laisser tomber le faux-self ni de se lancer dans une séance de « moi je suis entière, j’assure, c’est à prendre ou à laisser, c’est comme ça« . Vous même vous savez. Juste d’apprendre à conscientiser ce faux-self, à l’utiliser de façon adéquate, pour nous simplifier la vie, sans se faire bouffer.
J’aimerais vous donner une recette magique, mais ça s’annonce, pour ma part, comme un loooooong processus.
Et vous, on en parle ?
Ressources intéressantes
Faux-self, vrai-self et haut potentiel – Psychologie illustrée (rayuresetratures.fr)
Faux self, confiance en soi : HPI, si vous tombiez (enfin) le masque ? (leadinov.com)
